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RENCONTRE EUROPÉENNE DES ANTENNES AEFJN

15.05.2019

Du 10 au 12 mai dernier, une quinzaine de membres d'AEFJN représentant six antennes européennes, le Secrétariat de Bruxelles et le Bureau exécutif de Rome se sont réunis à Namur chez les Sœurs de Notre Dame de Namur pour la rencontre annuelle des antennes AEFJN. Quatre spiritains y ont participé : le père Chika Onyejiuwa comme secrétaire exécutif du réseau, les pères James Flynn et Emmanuel Tomfiah comme interprètes, le frère Christian Roberti comme coordinateur de l'antenne belge.

Participants de la rencontre européenne des antennes AEFJN.

Participants de la rencontre européenne des antennes AEFJN.

Vendredi après-midi

Nous avons écouté et débattu avec M. Stéphane Desgain, chargé de recherche sur la souveraineté alimentaire au CNCD-11.11.11 (organisation faîtière des ONG de développement francophone de Belgique), autour du thème du contrôle croissant de la terre, de l’alimentation et de l’agriculture par le secteur privé aux dépens des agriculteurs. M. Desgain a exposé un cas de figure emblématique : FERONIA et sa filiale congolaise PHC en RDC. Il a expliqué les dérives de cette société canadienne pourtant financée par les agences de développement de six pays membres de l’U.E. et le combat mené par les populations locales pour défendre leurs droits, notamment fonciers et relatifs au respect du contrat passé entre PHC et le Gouvernement.

Conclusions du débat qui a suivi :

- De grandes sociétés promouvant l’agriculture industrielle en Afrique ne respectent pas la législation sociale, foncière et environnementale des pays où elles opèrent; de plus elles ne remplissent pas leurs engagements à créer des emplois dignes et à stimuler le développement. Elles profitent du laxisme des autorités quand ce n’est pas de leur complicité.

- Leur production agricole de type monoculture profite peu ou pas aux populations locales et est souvent orientée vers l’exportation.

- Les populations locales sont spoliées de leurs terres, paupérisées, victimes de la pollution et de la faim.

- La politique de l’UE est d’encourager le partenariat public-privé en favorisant les grands et non les petits entrepreneurs pourtant mieux à même de stimuler le développement et la production agricole durable répondant aux besoins de la population. Les Etats membres de l’UE ont tendance à revenir au principe de l’aidé liée pour avoir des retours sur investissement.

- Les agences de développement de l’UE sont plus enclines à croire les rapports des grandes sociétés bénéficiaires que les rapports des ONG.

- La résistance de la société civile passe par la formation de groupes locaux et d’ONG de plaidoyer qui saisissent, parfois au prix de leur liberté voire de leur vie, les autorités nationales et internationales au sujet des injustices dont elles sont les victimes. L’appui de coalitions d’ONG est primordial pour le plaidoyer au niveau international.

Échange pendant la rencontre.

Échange pendant la rencontre.

Samedi matin

Il a été consacré aux élections européennes ; M. Jose Luis Gutierrez, policy officer au Secrétariat AEFJN, a expliqué le travail du Secrétariat ces derniers mois :

- La sensibilisation des antennes,

- Le débat organisé conjointement entre parlementaires européens de différents partis au sujet de leur programme,

- Les lettres envoyées à quatre reprises à 78 parlementaires européens membres de l’assemblée paritaire UE-ACP (Pays d’Afrique-Caraïbes-Pacifique) leur posant trois questions concernant leur programme. L’interview de Mme Kyenge (cf. ECHOS 57), vice-présidente de cette assemblée,

- Les lettres envoyées aux grands groupes politiques pro-européens PPE, AELD (orientés vers le business avec l’Afrique), Sociaux-Démocrates et Greens (orientés vers un commerce profitant aux deux parties) et l’analyse de leurs réponses,

- La table ronde organisée conjointement sur la migration,

- La collaboration avec le CNCD-11.11.11.

Conclusions du débat qui a suivi :

- L’importance de voter vu la montée des partis d’extrême-droite et eurosceptiques et la polarisation probable du futur parlement,

- L’importance de l’appartenance du parlementaire à tel groupe politique,

- L’indépendance de certains parlementaires qui n’hésitent pas à se démarquer de leur groupe politique,

- Le clivage net entre groupes politiques pro-business et groupes politiques en faveur de relations économiques équitables.

- La tendance qu’ont certains électeurs et électrices à privilégier le candidat plutôt que son appartenance politique avec le risque que cela comporte.

Frère Christian Roberti, Auteur de l'article.

Frère Christian Roberti, Auteur de l'article.

Reste de la journée de samedi

Il a été consacré au tour des antennes présentes qui nous a permis de connaître leurs joies, leurs priorités et leurs défis. Les élections européennes ont occupé chacune des antennes. D’autres activités sont contextuelles. Toutes les antennes font face au vieillissement et voient un avenir au réseau AEFJN dans la participation de laïcs et laïques proches de nos congrégations respectives.

Matinée du dimanche

Le père Chika a fait le point sur les activités du Secrétariat, en particulier sur les développements de ses activités en Afrique sub-saharienne. Ces activités ont été résumées dans les différents ECHOS, bulletin d’information du secrétariat qui paraît mensuellement.

Voici quelques messages-clés de son exposé :

- Les partenaires africains doivent faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils respectent et encouragent la société civile africaine dans sa lutte pour rester maître de son sol.

- Le rôle du Secrétariat est d’encourager la société civile à s’engager grâce au renforcement de ses capacités par des formations, des financements et des actions conjointes.

- L’Eglise catholique a encore une grande crédibilité en Afrique mais elle ne l’utilise pas assez pour défendre les droits des pauvres.

Comme mouvement de la société civile africaine, le père Chika donne l’exemple de la deuxième édition de la Caravane Ouest africaine « Droits à la Terre, et à l’Eau, une lutte commune » en novembre 2018 organisée par la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau-Ouest africaine. Elle a consisté en une marche de plaidoyer pacifique des organisations paysannes contre l’accaparement du sol et pour l’agroécologie dans six pays de la CEDEAO avec le soutien du CIDSE, de MISEREOR, d’AEFJN, etc... Cette marche a pris un caractère interreligieux, ce qui en a renforcé le poids. L’Eglise catholique a très bien participé au Togo ; ailleurs moins.

Le père Chika sensibilise les conférences épiscopales pour qu’elles soutiennent activement la société civile dans ses revendications légitimes en matière de foncière. Il agit auprès des trois conférences épiscopales régionales dont la plus dynamique est la RECOWA en Afrique de l’Ouest. Son action a une dimension œcuménique et interreligieuse.

Par ailleurs le Secrétariat s’engage dans une action contre une firme belge SIAT qui pratique l’accaparement des terres notamment en Côte d’Ivoire.

Le Secrétariat ne peut pas se tenir en dehors de la guerre civile qui secoue la partie anglophone du Cameroun.

La sœur Cecilia Nya vice-présidente et secrétaire du Bureau exécutif d’AEFJN à Rome a aussi pris la parole pour encourager le Secrétariat et les antennes dans leurs engagements. Elle a pointé les problèmes du réseau : le vieillissement, le financement. Comme membre de l’Exécutif, elle fait une animation des congrégations en vue de recruter de nouvelles congrégations et de pousser les congrégations qui ont quitté le réseau de redevenir membres du réseau.

La rencontre s’est clôturée avec une eucharistie festive animée par la communauté des sœurs de Notre Dame de Namur et présidée par le père James Flynn.

La prochaine rencontre européenne AEFJN aura lieu à Madrid du 8 au 10 mai 2020.

Père Chika Onyejiuwa, CSSp, secrétaire exécutif du réseau.

Père Chika Onyejiuwa, CSSp, secrétaire exécutif du réseau.

auteur: Frère Christian Roberti, CSSp

 
 

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